• Stratégie pour la décroissance : lobbying cytoyen, simplicité volontaire ou syndicalisme révolutionnaire ?

    La décroissance est souvent assimilée à la simplicité volontaire. Pourtant, cette combinaison n’existait pas au départ, et la seconde ne découle pas nécessairement de la première. Nous reviendrons donc sur l’apparition de chacun de ces concepts avant de réfléchir aux autres possibilités de mise en œuvre de la décroissance que la stratégie de la simplicité volontaire.

    La décroissance : une conséquence sociale d’un constat scientifique

    La décroissance est un concept qui apparait dans le titre de l’ouvrage « Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie » de Nicholas Georgescu-Roegen. Ce dernier est notamment connu pour ses travaux sur l’entropie et la bio-économie. L’entropie est le fait que tout système clos tend vers sa propre dégradation. La bio-économie, c’est la nécessité d’intégrer les facteurs biologiques dans la réflexion économique. L’analyse bioéconomique des phénomènes d’entropie amène à la conséquence que le niveau de développement matériel des sociétés technologiquement avancées, ainsi que leur vitesse de consommation de ressources, supérieur à la capacité de régénération des biosystèmes, est insoutenable et, de fait, éphémère.
    Après Georgescu-Roegen, la question de l’entropie à certes été partiellement relativisée, en mettant l’accent sur le fait que sa théorie s’appliquait surtout aux système fermés, et non aux systèmes ouverts comme la terre, qu’elle ne prenait pas en compte les question de reproduction, de régénération ou de résilience. La décroissance se trouve aussi un second ancrage avec la question du changement climatique et notamment de son origine socio-technique.
    La décroissance, c’est donc la conséquence de ce constat. Le choix de société, c’est donc de la subir ou de la mettre en œuvre. La mettre en œuvre, c’est en maitriser certaines conditions qui permettront d’empêcher ou atténuer certains effets désastreux et de rendre cette période de transformation sociale supportable.

    La simplicité volontaire, une stratégie par défaut !

    La simplicité volontaire est une démarche qui a été développée et médiatisée par des intellectuels comme Serge Latouche. Elle n'était pas contenue dans la décroissance au départ. Elle ne s'est greffée à elle qu'a postériori.
    Comme on le sait, l’écologie à toujours été une thématique sur laquelle il était difficile de convaincre le monde du travail et les syndicalistes. De fait, les écologistes (dont les décroissants sont le pendant lucide radical) et leurs théoriciens, ont été longtemps coupés du mouvement ouvrier. Par choix pour les écologistes bourgeois, par défaut pour les révolutionnaires proches du mouvement ouvrier, ils se sont rabattus sur d’autres acteurs et mouvements sociaux et sur d’autres stratégies de changement social.
    Les premières sont la pression citoyenne sur le pouvoir (les politiques, les industriels, les scientifiques), qui s’accompagne de lobbying. Mais face à la difficulté, voire l’impasse, de ces démarches, s’est développé une autre stratégie : la simplicité volontaire, qu’on appelle aussi parfois sobriété heureuse. Cette démarche de changement « sans attende », « ici et maintenant », peut être comprise à la fois d’une manière positive et offensive, la rapprochant d’une certaine idée de l’anarchisme, ou de manière pessimiste, comme une logique de repli sur l’individuel. Elle peut aussi être envisagée comme une stratégie gramscienne d’hégémonie culturelle, ou inspirée des sociologues de l’innovation, comme recherche de distinction, d’influence et d’imitation sociale. C’est ce que l’on retrouve, par exemple, chez les écologistes et décroissants qui prônent les effets de masse critique.
    Au final, même si elles sont intéressantes, ces stratégies apparaissent tout de même bien précaires et limitées. La « lutte » ne prend de telles formes que parce que le principal acteur des luttes des deux derniers siècles, le mouvement ouvrier/syndical, semble endormi et dur d’oreille quant ce type de problématiques. Les stratégies premières seraient sans doute bien différentes si ce n’était pas le cas.

    Une autre stratégie possible : le syndicalisme révolutionnaire !

    Nous prenons donc le pari de changer cette situation, de réveiller le mouvement ouvrier et de lui parler plus fort ! Force est de constater que les choses avancent. Les fédérations Solidaires et CGT ont mené des travaux conséquents sur les thématiques écologiques (même si l’esprit corporatiste des branches syndicales de l’énergie à la CGT tend à ralentir le processus). Ce n’est pas encore ça, bien entendu, ça reste parfois bloqué au développement durable, ce n’est pas la décroissance. Mais c’est quand même le début d’une prise de conscience dont il faut aider le développement. Avec un syndicalisme revigoré, lutte de classe, offensif et révolutionnaire, il sera alors possible de reprendre les commandes et d’agir de manière coordonnée au niveau des infrastructures et des aménagements sociaux et spatiaux, et donc de régler les problèmes que ni l’individu à sa petite échelle, ni les scientifiques, ni les industriels, ni les élus et les chefs d’Etats ne seront en capacité de résoudre.

    En avant pour une Décroissance Syndicaliste Révolutionnaire !

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